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Edmond Albius est un Réunionnais célèbre pour avoir découvert un procédé simple et pratique de pollinisation de la vanille. Son histoire est étonnante !

Edmond est né en 1841 à Sainte-Suzanne sur l’île de la Réunion. À cette époque, l’île de la Réunion était appelée l’île Bonaparte comme l’empereur, Napoléon Bonaparte. Edmond a perdu sa mère à la naissance. Il était orphelin et esclave.

Edmond qui n’avait pas de nom de famille puisqu’il était esclave, a été recueilli par Féréol Bellier Beaumont. C’était un riche planteur qui possédait un immense domaine sur l’île de la Réunion et qui était passionné de botanique.

À l’âge de douze ans, Edmond a commencé à travailler dans le domaine de son maître comme apprenti jardinier. En fait, Edmond était l’esclave de la sœur de Féréol Bellier Beaumont mais celui-ci l’aimait beaucoup et il passait beaucoup de temps en sa compagnie. Il disait de lui :
– Ce petit noir, créole, esclave de ma sœur, était mon gâté, et constamment avec moi. D’un naturel curieux, intelligent, il aime observer la nature et fait preuve de beaucoup d’attention.

Dans le jardin de son maître, Edmond admirait la floraison éphémère du vanillier. Entre ombre et soleil, cette liane vigoureuse est un peu comme le lierre, elle s’attache à tous les supports. À cette époque, cette orchidée n’était cultivée dans les jardins d’amateurs que comme une fleur. Les plantes poussaient facilement, elles fleurissaient mais toutes avortaient, sans donner de fruits.

Débrouillard et curieux, mais totalement privé d’instruction, Edmond aimait les plantes et essayait de comprendre leur mode de fonctionnement. Il avait appris de son maître la fécondation artificielle d’une plante de la famille des citrouilles, appelée Jolifiat. En revanche, il était surpris de voir que les belles fleurs de la vanille ne portaient jamais de fruits.

On ne sait pas ce qu’il s’est réellement passé, mais en 1841, grâce à son sens inné de l’observation ou par hasard en froissant les fleurs, Edmond a repéré les organes mâles et femelles des fleurs de la vanille. Il les a alors mis en contact. Il a découvert que les organes sexués de la vanille étaient séparés par une sorte de cloison mobile. Il a alors eu l’idée de la soulever et de rapprocher les étamines du stigmate pour porter le pollen sur chaque pistil.

Une autre version plus négative rapporte qu’Edmond qui était soi-disant colérique et maladroit aurait écrasé une fleur provoquant involontairement la fécondation de celle-ci. Mais cette version semble ne pas être vraie. En effet Edmond a répété l’opération du pollen chaque jour. L’opération n’est donc pas le fruit du hasard.
De plus, la paternité de la découverte d’Edmond a été confirmée plusieurs fois et dans différents écrits par son maître, Féréol Bellier Beaumont, lui-même.

Toujours est-il que le miracle s’est produit. La fleur de la vanille a produit un fruit, une belle gousse qui, après des mois de maturation et de traitements, a offert le plus délicieux des parfums. En réalisant la fécondation de la fleur de la vanille, Albius avait ainsi effectué le travail pollinisateur de l’abeille mélipone qui est absente sur l’île de la Réunion.

Cependant, cette abeille est présente au Mexique où est né le vanillier.

Le bruit de cette découverte s’est vite répandu dans toutes les montagnes vertes et humides de la partie Est de l’île de la Réunion. Les propriétaires de vanilliers ont demandé à Féréol Bellier Beaumont son esclave pour venir leur enseigner cette mystérieuse technique de la fécondation de la vanille. Ils ont envoyé au jeune homme une voiture ou un cheval pour qu’il se rende dans les communes de Saint-Benoît, Saint-André ou Sainte-Marie.

Sa découverte a fait la richesse de son patron et celle de nombreux planteurs. Sept ans après la découverte d’Edmond, l’île a commencé à exporter un petite dizaine de kilos de ses premières vanilles. Puis, les exportations sont passées à plus de trois tonnes en 1858. À la fin du XIXème ( dix-neuvième ) siècle, elles rapportaient autant que le sucre !

L’île de la Réunion avait une nouvelle industrie agricole qui a aussi permis le développement de la vanille dans les îles de l’Océan Indien, d’abord aux Seychelles, puis aux Comores et surtout à Madagascar. La vanille était appelée « l’or noir ». Ce procédé ou ce savoir-faire est actuellement utilisé dans le monde entier!

En 1848, après l’abolition de l’esclavage à La Réunion, Edmond a été affranchi, c’est-à-dire qu’il était un homme libre. Il a alors reçu son nom de liberté : Albius. C’est un mot latin qui signifie blanc. Ce nom lui a été donné probablement en référence à la couleur blanche alba de la fleur de vanille. D’autres pensent qu’il s’agit d’une référence à la couleur de la peau des maîtres blancs.

Comme la plupart des anciens esclaves affranchis, Edmond a quitté son maître pour commencer une nouvelle vie. Il est devenu aide-cuisinier chez un officier. Mais il gagnait un salaire de misère. Albius a été impliqué dans une histoire de vol de bijoux et condamné à cinq ans de galères !

À la requête de son ancien maître Féréol Bellier Beaumont, et grâce à la clémence d’un juge de paix compatissant et du Gouverneur Hubert De Lisle, il a été libéré pour bonne conduite en 1855 après trois ans de travaux forcés.

Il est mort en 1880, à l’hospice de Sainte-Suzanne, dans le dénuement le plus total.
En 1981, la municipalité de Sainte-Suzanne a érigé une stèle sur le lieu de naissance d’Edmond Albius à Bellevue.

~ FIN ~